Gérard Manset

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CD1

  • 1 L'Enfant Soldat
  • 2 Demain Il Fera Nuit
  • 3 Quand On Perd Un Ami
  • 4 Jardins Des Délices
  • 5 Fauvette
  • 6 Ne Les Réveillez Pas
  • 7 Le Pavillon De Buzenval
  • 8 Le Pays De La Liberté
  • 9 La Voie Royale
  • 10 Comme Un Lego

CD2

  • 11 Ô Amazonie
  • 12 Lumières 2014
  • 13 Rimbaud Plus Ne Sera (Inédit)
  • 14 Entrez Dans Le Rêve 2014
  • 15 Matrice 2014
  • 16 Le Train Du Soir 2014
  • 17 Revivre 2014
  • 18 Dans Un Jardin Que Je Sais
  • 19 Genre Humain 2014
  • 20 Animal On Est Mal (2015 Alternatif)
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MANSET SE REVISITE LUI-MÊME

MUSIQUE : Ce sont les Rois mages de la chanson française : Bashung, Christophe et Manset. Alain a disparu non sans avoir laissé une version sublime de Comme un Lego  de Gérard. La jeune génération leur voue un culte. L’ange Doré (Julien) et Christophe multiplient les duo dont un fabuleux Corbeau blanc pour les 50 ans de France Inter. L’archange Raphaël a chanté Toutes choses en duo avec son mentor ; sur le dernier album de Manset « Un oiseau s’est posé ». Aux dernières Francofolies, il a consacré l’intégralité de son concert à l’œuvre. L’album (« Raphaël revisite Manset ») sortira fin novembre. Mais on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même. Manset, qui ne laisse rien au hasard, entend bien rester entièrement maître de son catalogue sur lequel il veille avec un soin jaloux. Il en est ainsi depuis les origines. Dans ce nouvel album, double, il opère un choix des morceaux phares de ses trois derniers albums originaux (« Le Langage oublié », « Obok » et « Manitoba ne répond plus ») et de l’album incontournable d’autoreprises de 2014, « Un oiseau s’est posé ». Le choix est plus que judicieux, on ne le remettra pas en cause. On saluera en revanche Rimbaud plus ne sera un inédit et une nouvelle version d’Animal on est mal, morceau culte, sorti… en mai 1968. Le nouvel album de Manset est prévu en mars 2016. On en reparlera.

Oamazonie

QUATRE QUESTIONS À GÉRARD MANSET

« The Classic 2015 Alternatif Best-Of » de Gérard Manset puise aux sources de ses quatre précédents albums ( «Le Langage oublié », « Obok », « Manitoba ne répond plus » et « Un Oiseau s’est posé ». L’occasion d’une brève explication de texte par l'artiste lui-même.

Les Echos : D’où vient ce titre, « Rimbaud plus ne sera » et quelle en est l’inspiration ?

Gérard Manset : Cela fait partie des allitérations ou des surprises qui quelquefois ne veulent pas dire plus mais qui s’imposent, à la tournure née de l’instinctif. Et en réalité Rimbaud veut dire plutôt le Roméo des galanteries perdues d’un siècle qui veut tout dire, tout expliquer, et en réalité par ce désenchantement amène à des relations stériles. Les jeunes filles maquillées, celles qui mâchent du chewing-gum, se croient des reines à la sortie des BEP et fument sur les trottoirs, vulgaires, mal éduquées par des parents qui ne savent plus lire et se veulent modernes.

Les Echos : Ecrit quand ?

G.M : Cela remonte à quelques années, l’album Manitoba, ou encore en amont ? Obok ? Je ne sais, j’en ai beaucoup, de ces repentirs ou de ces essais multipliés par les relectures et les hésitations, un jour blanc un jour noir, un jour peut-être et un jour gris, le lendemain ensoleillé.

Les Echos : Pourquoi aujourd'hui ?

G.M : Pour la pertinence décalée de ce qui va disparaître, car Rimbaud ou Verlaine bientôt reclus dans les bibliothèques destinées aux censeurs, à la paléontologie de l'écrit.

Les Echos : Comment avez-vous travaillé cette version inédite d' « Animal » ?

G.M : Elle fait partie des plus ou moins multiples trouvailles retaillées ou diluées. Avant que dEUS ne reprenne le titre sur Un oiseau s'est posé, j'imaginais qu'ils en feraient du solide, du rock, quelque chose de glorieux, mais ils ont préféré les tons pastel et la simplicité d'une ritournelle presque anémiée. Bon ? C'était joli, gentil, mais j'avais ma version et les audio-files d'origine, 1968, gardés comme on conserve quelque trésor sous l'oreiller. Voilà, j'ai secoué tout ça et j'ai placé un nouveau texte au bout, strophe nouvelle inédite qui parle du temps… en m'amusant de me retrouver aussi gamin et inventif tout de suite, gouaches découpées de Matisse, iconoclasterie des dilettantes.

PRESSE

Les echos
Les Inrockuptibles
Paris Match

L’enfant soldat

Enrôlé de force, quelques coups de crosse

Sur un visa ge d’enfant

C’est comme un fr uit qui se fend

Dans la jungle pire encore

Mais que rien n’interdira

Vivant dans son trou comme un rat

Mais que rien n’interdira

Car j’ai vu son visage

Dans le d elta et la mangrove

Et la pourriture des villes

Nouveau Tchernobyl, de bave et debile

Mais à nos portes qui se p resse

Le chloroforme et la compresse

Dans la jungle pire encore

Mais que rien n’empêchera

Vivant dans son trou comme un rat

Vivant comme un enf ant soldat

Car j’ai vu son visage...

Kilomètre 20, ils étaient bien vingt

Les cheveux rouges comme d e l’étoupe

Avec la machette, le coup e-coupe

Je l’ai posé près de la route

C’est cette eau sale qu’il abue

Cadavres de chiens, de zébus

C’est cette eau sa le qu’il abue

Car j’ai vu son visage...

Une chaleur atroce

Le ciel qui se teinte en gris

Enrôlé de force, de Lagos à Conakry

Quelques coups de crosse

Ces lèvres noires qui me sourient

Dures comme de l’écorce

De Lagos à Conakry

Dans la jungle pire encore

Car j’ai vu son visage

Demain il fera nuit

Demain, il fera nuit, je l’ai lu dans un livre

Et les enfants iront,

De porte en porte, de ville en ville

Et les rats s’enfuiront

De porte en porte de ville en ville

Et toi que j’ai connue là-bas

Près d’un long bâtiment de bois

Aux si noirs, aux dents d’ivoire

Au sourire si fragile

Aux longs membres plus fins qu’un fil

Aux longs membres plus fins qu’un doigt

Au doux baiser qui brûle

Aux lèvres, aux lèvres

Au doux baiser qui brûle

Aux lèvres, qu’on boit

Demain il fera nuit, et les enfants

Et les enfants iront

De porte en porte, de ville en ville

Et les rats s’enfuiront

De porte ne porte, de ville en ville

Et toi que j’ai connue là-bas

Près d’un long bâtiment de bois

Aux si noirs, aux dents d’ivoire

Au sourire si fragile

Aux longs membres plus fins qu’un fil

Aux longs membres plus fins qu’un doigt

Au doux sourire qui brûle

Aux lèvres, aux lèvres

Au doux sourire qui brûle

Aux lèvres, qu’on boit

Comme une idole, comme une icône

Une divinité, des îles, lointaines

Comme une idole, comme une icône

Une divinité, des îles, lointaines

Demain, il fera nuit

Je l’ai lu dans un livre


Et peut-être qu’après

Alors quand même un jour

Il fera jour pour toujours

Et que ce soleil-là

Sera le feu d’un incendie

Au milieu des pendus

Que les enfants iront

En demandant pourquoi

Prolonger un peu plus

Ce besoin de vivre


Alors on leur dira de suivre

La ligne des maisons en feu

Et de se faire une raison


Demain, il fera nuit

Et toi que j’ai connue là-bas

Près d’un long bâtiment de bois

Aux si noirs, aux dents d’ivoire

Au sourire si fragile

Comme une icône, comme une idole

Une divinité, des îles, lointaines

Des îles

Douleur lointaine, en rêve, en rêve

Réveille-toi, dépêche-toi

Le volcan se soulève, en rêve, en rêve

Et crache tout ce qu’il a de feu

De fièvres et de fièvres

Comme l’Etna, comme l’Etna

A recouvert de cendres

A gelé dans la pierre

Le monde d’Alexandre

Et celui-là te recouvrira, de Surabaya

Va recouvrir ton univers

De fleurs et de plantes, de bleus et de verts

De cendres et de cendres

De courbes et d’ellipses bientôt

Par l’apocalypse car

Demain, il fera nuit

Je l’ai lu dans un livre, mais toi

Aux longs membres plus fins qu’un fil

Aux longs membres plus fins qu’un doigt

Au long baiser qui brûle

Aux lèvres, aux lèvres

Au long baiser qui brûle, aux lèvres

Quand on perd un ami

Quand on perd un ami,

C’est peut-être qu’il dort

Dans un autre univers

De gel et de bois mort,

Dans un autre décor,

Simplement affaibli,

Quand on perd un ami,

Son âme se décolle

Comme un papier jauni,

Papyrus d’école,

C’est que l’on a grandi,


Quand on perd un ami,

Comme dans un tamis,

Après que le cambiste

Ait déserté la salle,

Ait déserté la salle


Dans le jour indolore

Et dans l’air inodore,

Repose sur le pourpre,

Entouré des siens,

Et pas même un chien

Pour lécher sa paume,

Son bras recourbé

Quand un ami s’en va,

Disparaît de son lit,

Par de nouveaux sherpas,

Pour de nouveaux pays


Quand on perd un ami,

De la lumière subsiste,

Comme dans un tamis,

Après que le cambiste

Ait déserté la salle


Peut-être, ce n’est pas

Ce qu’on nous en a dit

Si, là-bas, il fait froid

Comme il le fait ici,

Quand on perd un ami,

Qui le découvrira ?

Fakir embaumé

Transpercé de pointes,

Et lorsque le jour pointe,

Pas même un drap

Pour cacher ses yeux,

Quand un ami s’en va


Quand on perd un ami,

De la lumière subsiste,

Comme dans un tamis

Fauvette

Elle avait pas dormi

depuis plus de trois jours

Une petite fauvette aux yeux peints

Avec des bagues aux doigts,

une jupe de daim

Avec un blouson de

satin


Elle est partie dans

le fond téléphoner

A on ne sait qui

On l’a vue qui

pleurait

Et puis se recoiffer comme une furie

Se moucher dans sa manche


Quelqu’un devait l’attendre dehors

mais il neigeait

Elle a rabattu

sa capuche, écrasé sa

cigarette, laissé quelques pièces de monnaie

Ramassé comme un petit Donald en peluche


J’en aurais pas parlé si ce n’était

pas un dimanche

Avec ce qu’on peut pleurer pour les hommes

Les petits, les moches, les grands,

les têtes de pioche

Et ceux qui parlent jamais à personne


Quand j’ai vu qu’il la suivait

Qu’il la mangeait des yeux

La petite fauvette en parka bleue

La petite fauvette


Elle avait pas du dormir depuis

pas mal de temps

Comme une alouette blessée

Parce qu’il faut dire

qu’il y a pas souvent de printemps

Dans les rues de sa cité

Il y avait un sapin de Noël planté

Un peu plus loin sur le parking

Et les loupiotes qui semblaient

lui dire : va t’amuser

Avant que la vie te tombe dessus

Je les aie vus qui marchaient

Dans cette neige fondue vers un camion

Et lui qui la tenait comme ça dans la nuit

Comme si elle avait bu

Qu’elle avait les jambes en coton

Qu’il fallait qu’elle dorme dans un vrai lit

Si je parle de ça, c’est que je me suis

souvent demandé depuis

Ce que j’aurais pu faire de plus

Sinon l’asseoir de force et lui faire

cracher son mal de vivre

Et personne aurait jamais su


Laissez nous comprendre

pourquoi tout est ainsi

écroulé, malfaisant


On en ramasse comme ça

Tous les automnes, tous les hivers

Les ongles encore accrochés

Sur quelques lambeaux de mystère

Pourquoi s’était-elle enfuie

de toute la chaleur

Que peuvent donner une mère, une soeur

Un père absent, violent,

Qui peut-être même avait tout brisé

Quand même laissé du bonheur

Après la la dinde, à plus d’heure

Quand j’ai voulu m’en retourner

Tout ça m’était sorti de la tête

Comme toutes ces choses

Qu’on n’a jamais fini de ressasser

Alors le jour s’est levé

Comme un chacal en manque d’amour

Qui lève une charogne

Et vient prendre la place de la nuit

Tous les arbres étaient blancs, debouts sur

leurs pattes comme autant de cigognes

Au dessus de toutes ces flaques de cambouis


A chacun son démon tapi

qui peut sortir de l’ombre

Voilà la seule chose que je me suis dit

Vers un ailleurs indéfini

aux portes du hasard

J’ai vu la vallée dans le brouillard

J’ai vu la vallée

Vers un ailleurs indéfini

Aux portes du hasard

J’ai vu la vallée

Le pavillon de Buzenval

Le pavillon de Buzenval

Dans la cité-dortoir

Il faudra bien que ces

choses finissent

Qu’un dieu mauvais les punisse

Ils marchent sous la pluie

Vers où, vers quoi, vers qui ?

Ce sont eux aujourd’hui

Comme avant ce fut nous

Le pavillon de Buzenval

Dans la cité-dortoir

Je la retrouvais quelque part

Nous allions sur un lit

Elle recrachait sa fumée dans le noir

Puis il était minuit

Elle retournait vers une dernière histoire

Vers où, vers quoi, vers qui ?

Ou bien arpentait seule

la ville jusqu’au jour

L’époque était ainsi, libre, belle,

sans détour, et les passants aussi

Aidant une aïeule à descendre esseulée

Dans la cire molle et tendre

Et j’attendrais longtemps

Ou bien vers un café

Lorsqu’elle venait, frileuse

Serrée dans son ciré

Le visage blanc, les joues creuses

A une table dans le fond

Nous allions nous glisser

Jusque sous les plafonds

En haut d’un escalier

Se caresser, se mordre

Et tout n’était un jeu


Le pavillon de Buzenval

Et son muret de briques

Aujourd’hui s’est écroulé

Peut-être par le vent détruit

Ses buissons d’azalée

Et puis dans la lumière voilée

Derrière un barbelé

Une fille qui passe

A peur, s’est souvenue

Que bien longtemps dans ces allées

Un homme était venu

Et qu’il était aimé

Un homme était venu

Le pavillon de Buzenval

Et son muret de briques

Aujourd’hui s’est écroulé

Son buisson d’azalée

Qu’un homme était venu

Et qu’il était aimé


Le pays de la liberté


On m’a dit que c’est tout à côté

Le pays de quoi

De la liberté, le pays


J’ai vu des hommes décharnés

J’ai vu des femmes

Des enfants aux cheveux orangés

J’ai vu des larmes

J’ai marché, j’ai marché, j’ai marché

Mais je n’ai pas trouvé


On passe tout à côté de la vie

A grands coups de pinceau

On passe tout à côté de la vie

On passe tout à côté

J’ai marché, j’ai marché, j’ai marché,

j’ai marché


On voit des mains, des bras tendus

On croit que c’est des mats

Où claquent toutes les guenilles

J’ai croisé des hommes décharnés

Des enfants couverts de bleus

Qui perdaient leurs dents

Perdaient leurs cheveux

Qui perdaient leurs dents

Perdaient leurs cheveux

Mais j’ai bien vu dans leurs yeux


Mais c’est où mais c’est où mais c’est où

mais c’est où

Mais c’est où mais c’est où, mais c’est où

mais c’est où mais c’est où mais c’est où

Mais c’est où mais c’est où mais c’est

où ce pays

Mais c’est où, mais c’est où, mais c’est où


On m’a dit que c’est tout à côté

Le pays de quoi, de la liberté

J’ai cherché, j’ai cherché, j’ai cherché

J’ai cherché, j’ai cherché, j’ai cherché,

j’ai cherché, j’ai cherché

J’ai cherché, j’ai cherché

Il parait qu’il me pendait au nez

Mensonge, mensonge, mensonge, mensonge

Il parait qu’il me pendait au nez

Mensonge

On voit des hommes décharnés

Tendre la main à qui

Avec une plaie sur le côté

Où l’on boit, où l’on boit, où l’on boit

J’ai cherché, j’ai cherché, j’ai cherché,

j’ai cherché


On voit des hommes décharnés

Tendre la main à qui

Certains disent même que c’est tout près

Qu’on marche parfois dessus

Mais c’est où, mais c’est où, mais c’est où

Mais c’est où, mais c’est où

Mais c’est où, mais c’est où, mais c’est où

Mais c’est où, mais c’est où


On m’a dit que c’est tout à côté

Le pays de quoi, de la liberté

J’ai cherché, j’ai cherché, j’ai cherché

Mensonge, mensonge, mensonge, mensonge

Mensonge, mensonge, mensonge

Comme un lego

C’est un grand terrain de nulle part

Avec de belles poignées d’argent

La lunette d’un microscope

Et tous ces petits êtres qui courent

Car chacun vaque à son destin

Petits ou grands


Comme durant les siècles égyptiens

Péniblement

A porter mille fois son poids sur lui

Sous la chaleur et dans le vent

Dans le soleil ou dans la nuit

Voyez-vous ces êtres vivants


Quelqu’un a inventé ce jeu

Terrible, cruel, captivant

Les maisons, les lacs, les continents

Comme un Lego avec du vent

La faiblesse des tout-puissants

Comme un Lego avec du sang

La force décuplée des perdants

Comme un Lego avec des dents

Comme un Lego avec des mains

Comme un Lego


Voyez-vous tous ces humains

Danser ensemble à se donner la main

S‘embrasser dans le noir à cheveux blonds

À ne pas voir demain comme ils seront

Les capitales sont toutes les mêmes devenues

Aux facettes d’un même miroir

Vêtues d’acier, vêtues de noir

Comme un Lego mais sans mémoire

Comme un Lego


Facettes d’un même miroir

Vêtues d’acier, vêtues de noir

Comme un Lego mais sans mémoire

Comme un Lego


Pourquoi ne me réponds-tu jamais

De ta retraite sous ton arbre

Depuis ce manguier de plus de dix mille pages

A te balancer seul dans une cage

A voir le monde de si haut

Comme un insecte mais sur le dos

Comme un insecte


C’est un grand terrain de nulle part

La lunette d’un microscope

On regarde, on regarde, on regarde dedans

On voit de toutes petites choses qui luisent

Ce sont des gens dans des chemises

Comme durant les siècles de la longue nuit

Dans le silence et dans le bruit

Dans le silence et dans le bruit

Dans le silence

Lumières

Mais où sont passées

Où sont passé les lumières

Qui nous guidaient ?

Peut-être étions nous trop

Peut-être étions-nous trop fiers

Pour baisser la tête.

Le monde a tourné

Le monde a tourné sans nous,

Sans nous attendre.

Les ténèbres sont

Les ténèbres sont partout

Couvertes de cendres.


Mais souviens-toi que

Souviens-toi que l’on s’aimait

Que l’on s’aimait quand même.

Nous étions si jeunes et si

Nous étions si jeunes et si fiers

Et comment le dire,

Nous avons perdu la

Nous avons perdu la lumière, l’étoile

Qui caressait nos

Qui caressait nos paupières

Tout m’est égal

Et quand même, on se souvient,

On se rappelle, de quelque chose

Qu’on pose près du lit,d’une lumière

D’une lumière, qui brillait la nuit


Mais où sont passées

Où sont passé les lumières

Qui nous guidaient

Devenus statues, devenus statues de pierre,

Qu’avons nous fait, les instants comme des

Instants comme des clous de fer

Qu’on enfonce, et rien que le,

Rien que le bruit de la mer

Pour seule réponse


Souviens-toi, c’était

Souviens-toi c’était hier,

Mais aujourd’hui,

Le lion secoue sa

Le lion secoue sa crinière

Peur de la nuit,

Gratte le fond de la

Gratte le fond de la rivière

Où il venait boire

Nous avons perdu

Nous avons perdu la lumière

Nous sommes dans le noir


Et quand même

On se souvient,

On se rappelle

De quelque chose

Qu’on pose près du lit,

D’une lumière, d’une lumière

Qui brillait la nuit


Mais où sont passées

Où sont passé les lumières

Qui nous guidaient ?

Le lion secoue sa,

le lion secoue sa crinière

A chaque coup de fouet

Derrière les barreaux,

derrière les barreaux de fer,

Sans illusion

Derrière les barreaux

Derrière les barreaux de fer,

De sa prison

Rimbaud plus ne sera

Pourquoi veux-tu que moi

Aille changer le monde

Je me réveille en somme

De ce long songe


Contre un carreau brisé

Tout au fond du passage

Ces deux-là s’aimaient

Il la tenait serrée

Lui mâchait le visage

Il la consolait

De n’être pas une autre


Contre un carreau

brisé

Tout au fond

du passage

Ces deux-là

s’aimaient

Comme on peut

se blesser

La main sous

le lainage

Il la caressait


Rimbaud plus

ne sera

Peut-être plus

personne

Flambeau ne

reprendra

Comme bête de

somme

Pourquoi veux-tu que moi

Aille changer le monde

Je me réveille en somme

De ce long songe


Et le matin suivant

Il faisait jour à peine

Ils se sont enfuis

Par le bord de la Seine

Il faisait nuit

Mais le jour s’est levé

Tout au bout du couloir

Il la tenait serrée

Sur le parquet de chêne

L’un à l’autre collés

Ils se sont aimés

Printemps ne reviendra

Peut-être plus jamais

Peut-être plus personne, ne le verra

Pourquoi veux-tu que moi

Aille changer le monde

Lui disait-il encore

Et tant d’autres choses


Rimbaud plus ne sera

Peut-être plus jamais

Peut-être plus personne

Ne le verra jamais

Rimbaud plus ne sera

Peut-être plus personne

Flambeau ne reprendra

Comme bête de somme


Printemps ne reviendra

Peut-être plus jamais

Ni Roméo non plus

Et Juliette jamais, et Juliette non plus

Le train du soir

Pour tous eux qu’ont plus

de raison de vivre,

qui s’assoient sur le trottoir

Il reste le train du soir

Qui roule, qui roule dans le noir

Qui roule dans ma mémoire

Y a le train qui roule dans la nuit

Comme un chien qui pleure dans un taudis

Et moi je pense à toi, et je pense, et je

pense


Et y a le train qui roule dans le noir

Comme un boulet de feu dans ma mémoire

Et moi je pense, et je pens

Et y a le train qui roule dans le noir

Comme un boulet de feu dans ma mémoire…

Qui roule

Qui roule dans le noir

Qui roule


Qui roule dans ma mémoire

Y a le train qui roule dans le noir

Comme un magicien dans son habit noir qui crache le feu

Qui crache le feu


Comme tous ceux qu’ont tout perdu

plus d’espoir,

j’ai pris mon billet ce soir

Pour le train du soir

Qui roule

Qui roule dans le noir

Qui roule

Qui roule dans ma mémoire

Y a le train qui roule dans le noir

Comme un chien perdu dans un couloir

Et moi je pense à toi, et je pense,

Et y a le train qui roule dans le noir

Et personne m’attendra ce soir


Qui roule, qui roule dans le noir

Qui roule, qui roule dans ma mémoire

Roule

Roule

Roule


Revivre


On voudrait revivre

Mais ça veut dire ;

On voudrait vivre encore la même chose

Refaire peut-être encore le grand parcours

Toucher du doigt le point de non-retour

Et se sentir si loin, si loin de son enfance

En même temps qu’on à froid, qu’’on pleure, quand même on pense

Que si le ciel nous laisse

on voudra

Revivre

Ça signifie,

On voudra vivre encore, la même chose


Le temps n’est pas venu qu’on se repose

Il faut refaire encore ce que l’on aime

Replonger dans le froid liquide

Des jours toujours les mêmes

Et se sentir si loin, si loin de son enfance

En même temps qu’on a froid,qu’on pleure,

Quand même on pense

Qu’on a pas eu le temps de terminer le livre

Qu’on avait commençé hier en grandissant

Le livre de la vie, limpide et grimaçant

Où l’on était saumon

qui monte et qui descend

Où l’on était saumon,

le fleuve éclaboussant

Où l’on est devenu

anonyme passant

Chevelu, décoiffé, difforme

Chevelu, décoiffé,

difforme se disant

On voudrait revivre


On croit qu’il est midi, mais le jour s’achève

Rien ne veut plus rien dire, fini le rêve

On se voit se lever

sentir monter la sève

Mais ça ne se peut pas

Non ça ne se peut pas

Non ça ne se peut

Revivre

On voudrait revivre

Mais ça veut dire ;

On voudrait vivre encore la même chose

Refaire peut-être encore le grand parcours

Toucher du doigt le point de non-retour

Et se sentir si loin, si loin de son enfance

En même temps qu’on à froid, qu’’on pleure, quand même on pense

Que si le ciel nous laisse

on voudra

Revivre

Ça signifie,

On voudra vivre encore, la même chose


Le temps n’est pas venu qu’on se repose

Il faut refaire encore ce que l’on aime

Replonger dans le froid liquide

Des jours toujours les mêmes

Et se sentir si loin, si loin de son enfance

En même temps qu’on a froid,qu’on pleure,

Quand même on pense

Qu’on a pas eu le temps de terminer le livre

Qu’on avait commençé hier en grandissant

Le livre de la vie, limpide et grimaçant

Où l’on était saumon

qui monte et qui descend

Où l’on était saumon,

le fleuve éclaboussant

Où l’on est devenu


anonyme passant

Chevelu, décoiffé, difforme

Chevelu, décoiffé,

difforme se disant

On voudrait revivre


On croit qu’il est midi, mais le jour s’achève

Rien ne veut plus rien dire, fini le rêve

On se voit se lever

sentir monter la sève

Mais ça ne se peut pas

Non ça ne se peut pas

Non ça ne se peut

Dans un jardin que je sais

Dans un jardin que je sais

Une fille venait

De longs cheveux sur elle

Et moi je me disais mon dieu, que je revive

Une fois elle a choisi

Dans le creux de sa main

Quelque chose comme un fruit

Quelque chose comme un fruit

Et moi je me suis dit, mon dieu

que je revive

Que je sois cette mûre

Cette simple cerise

Accrochée contre un mur

Et qu’elle me voit

Par sa paume attrapé

Je resterai sans voix

Par sa lèvre touché


Nous nous sommes retrouvés

Dans le mitan du lit

C’est ce que j’avais rêvé

Dans les contes et légendes

Alors je me suis dit mon dieu,

qu’elle m’entende

Que je sois cette ramure

Cette simple cerise

Accrochée contre un mur, et qu’elle me voit

Par sa paume attrapé

Je resterai sans voix


Par sa lèvre mordue


Mais ce jardin, c’est ma rue

Près de chez moi

Peut-être m’avez-vous vu

Me tourner vers quelque chose

Mon dieu me dire si je pouvais la suivre

Être ce buisson de roses

Vers lequel elle se tourne

Où son regard se pose

Et dont elle se détourne

Pour autre chose

Être ce buisson de roses

Genre humain

J’ai remonté la Seine

Jusqu’au Pont des Arts

C’est là que je venais

Par la rue des Beaux-Arts

Pour un chocolat chaud

Une miche de pain

Installé tout au fond

Avec le genre humain


Et par la rue du Havre

Où je suis repassé

Quand je me suis fâché

Avec le genre humain

Pour une escale bleue

Aux flammèches bizarres

Pleine de miséreux

Vers la rue Saint-Lazare


Et je me suis assis

J’ai vu venir quelqu’un

Il était seul aussi

Ce n’était qu’un gamin

Il a voulu me suivre

Il m’a donné la main

Mais il ne savait pas

Que depuis ce matin

Je m’étais fâché


Comment te nommes-tu

A grelotter quand même

Dans un pardessus

De mauvaise laine

A regarder le Louvre

Au milieu des phalènes

Comment te nommes-tu

Qui t’a fait de la peine


Et je me suis maudit


De si bien me connaître

Les étoiles, mes amies

Dites-moi le pourquoi

Au-dessus des abris

Comme il peut faire si froid

Comme il peut faire si nuit


Alors nous avons bu

Tout un litre de vin

En as-tu une aussi

De petite catin

Il en avait une

Une amoureuse brune

Comme une tache claire

Dans la poudre de Lune

Qui descendait le voir

Pour le chevaucher

Et nous avons marché

Jusqu’au petit matin

La porte de Vincennes

Et puis vers Les Lilas

J’en ai connu souvent

De cette fleur-là

Qui dansait sous le vent


Alors je me demande

Ce qu’il est devenu

Des femmes sont venues

Pour l’emmener le prendre

Et le faire s’épouiller

Sous la douche brûlante

Mais il les a mordues


Son prénom c’est le mien

Quand je me suis fâché

Avec le genre humain


Son prénom c’est le mien

Animal on est mal

Animal, on est mal

On a le dos couvert d’écailles

On sent la paille

Dans la faille

Et quand on ouvre la porte,

Une armée de cloportes

vous repousse en criant :

Ici, pas de, serpent

Animal, on est mal

Animal, on est mal

On a deux cornes placées

sur le devant du nez.

On se baisse, on s’affaisse.

On la queue qui frise,

on a la peau épaisse,

on a la peau grise

Et quand on veut sortir avec une demoiselle,

On l’invite à dîner

quand elle vous voit que dit-elle

Il ne vous manque qu’une bosse

vade retro, rhinocéros


Animal, on est mal

Animal, on est mal

On assiste à l’opération de la girafe

La voilà qui se retrouve le cou plein

d’agrafes

Elle appelle au secours

On veut lui mettre un pantalon

mais il est trop court.

Animal, on est mal

On pond ses oeufs dans le sable, et quand on passe à table les chevaux vapeur,

Ont pris peur de se retrouver

loin de leur étable


Et maintenant que les matins

de l’âgeont passé

Avec quelle sorte d’éponge,

d’éponge effacer

Le tableau noir ou tout est,

ou tout est cassé

Je me suisvu dans la glace,

je me suis vu dans la glace

C’est quoi ce chimpanzé

qui dort et qui danse

Entre les draps de qui on avance on recule

Avec la gémellité de la libellule

Animal, on est mal

Avec un bras de pieuvre

et un cerveau de souris

J’ai passé tout mon temps

entouré d’animaux, entouré d’otaries


A jouer au mikado,à jouer l’Atari

Mais pas question pour moi

me faire hara-kiri

Animal, on est mal

Animal, on est mal


Et si l’on ne se conduit pas bien,

On revivra peut-être

dans la peau d’un humain

Animal, on est mal

Mais Dieu reconnaîtra les siens


Animal, on est mal

Mais Dieu reconnaîtra les siens