MUSIQUE : Ce sont les Rois mages de la chanson française : Bashung, Christophe et Manset. Alain a disparu non sans avoir laissé une version sublime de Comme un Lego de Gérard. La jeune génération leur voue un culte. L’ange Doré (Julien) et Christophe multiplient les duo dont un fabuleux Corbeau blanc pour les 50 ans de France Inter. L’archange Raphaël a chanté Toutes choses en duo avec son mentor ; sur le dernier album de Manset « Un oiseau s’est posé ». Aux dernières Francofolies, il a consacré l’intégralité de son concert à l’œuvre. L’album (« Raphaël revisite Manset ») sortira fin novembre. Mais on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même. Manset, qui ne laisse rien au hasard, entend bien rester entièrement maître de son catalogue sur lequel il veille avec un soin jaloux. Il en est ainsi depuis les origines. Dans ce nouvel album, double, il opère un choix des morceaux phares de ses trois derniers albums originaux (« Le Langage oublié », « Obok » et « Manitoba ne répond plus ») et de l’album incontournable d’autoreprises de 2014, « Un oiseau s’est posé ». Le choix est plus que judicieux, on ne le remettra pas en cause. On saluera en revanche Rimbaud plus ne sera un inédit et une nouvelle version d’Animal on est mal, morceau culte, sorti… en mai 1968. Le nouvel album de Manset est prévu en mars 2016. On en reparlera.
« The Classic 2015 Alternatif Best-Of » de Gérard Manset puise aux sources de ses quatre précédents albums ( «Le Langage oublié », « Obok », « Manitoba ne répond plus » et « Un Oiseau s’est posé ». L’occasion d’une brève explication de texte par l'artiste lui-même.
Les Echos : D’où vient ce titre, « Rimbaud plus ne sera » et quelle en est l’inspiration ?
Gérard Manset : Cela fait partie des allitérations ou des surprises qui quelquefois ne veulent pas dire plus mais qui s’imposent, à la tournure née de l’instinctif. Et en réalité Rimbaud veut dire plutôt le Roméo des galanteries perdues d’un siècle qui veut tout dire, tout expliquer, et en réalité par ce désenchantement amène à des relations stériles. Les jeunes filles maquillées, celles qui mâchent du chewing-gum, se croient des reines à la sortie des BEP et fument sur les trottoirs, vulgaires, mal éduquées par des parents qui ne savent plus lire et se veulent modernes.
Les Echos : Ecrit quand ?
G.M : Cela remonte à quelques années, l’album Manitoba, ou encore en amont ? Obok ? Je ne sais, j’en ai beaucoup, de ces repentirs ou de ces essais multipliés par les relectures et les hésitations, un jour blanc un jour noir, un jour peut-être et un jour gris, le lendemain ensoleillé.
Les Echos : Pourquoi aujourd'hui ?
G.M : Pour la pertinence décalée de ce qui va disparaître, car Rimbaud ou Verlaine bientôt reclus dans les bibliothèques destinées aux censeurs, à la paléontologie de l'écrit.
Les Echos : Comment avez-vous travaillé cette version inédite d' « Animal » ?
G.M : Elle fait partie des plus ou moins multiples trouvailles retaillées ou diluées. Avant que dEUS ne reprenne le titre sur Un oiseau s'est posé, j'imaginais qu'ils en feraient du solide, du rock, quelque chose de glorieux, mais ils ont préféré les tons pastel et la simplicité d'une ritournelle presque anémiée. Bon ? C'était joli, gentil, mais j'avais ma version et les audio-files d'origine, 1968, gardés comme on conserve quelque trésor sous l'oreiller. Voilà, j'ai secoué tout ça et j'ai placé un nouveau texte au bout, strophe nouvelle inédite qui parle du temps… en m'amusant de me retrouver aussi gamin et inventif tout de suite, gouaches découpées de Matisse, iconoclasterie des dilettantes.
Enrôlé de force, quelques coups de crosse
Sur un visa ge d’enfant
C’est comme un fr uit qui se fend
Dans la jungle pire encore
Mais que rien n’interdira
Vivant dans son trou comme un rat
Mais que rien n’interdira
Car j’ai vu son visage
Dans le d elta et la mangrove
Et la pourriture des villes
Nouveau Tchernobyl, de bave et debile
Mais à nos portes qui se p resse
Le chloroforme et la compresse
Dans la jungle pire encore
Mais que rien n’empêchera
Vivant dans son trou comme un rat
Vivant comme un enf ant soldat
Car j’ai vu son visage...
Kilomètre 20, ils étaient bien vingt
Les cheveux rouges comme d e l’étoupe
Avec la machette, le coup e-coupe
Je l’ai posé près de la route
C’est cette eau sale qu’il abue
Cadavres de chiens, de zébus
C’est cette eau sa le qu’il abue
Car j’ai vu son visage...
Une chaleur atroce
Le ciel qui se teinte en gris
Enrôlé de force, de Lagos à Conakry
Quelques coups de crosse
Ces lèvres noires qui me sourient
Dures comme de l’écorce
De Lagos à Conakry
Dans la jungle pire encore
Car j’ai vu son visage
Demain, il fera nuit, je l’ai lu dans un livre
Et les enfants iront,
De porte en porte, de ville en ville
Et les rats s’enfuiront
De porte en porte de ville en ville
Et toi que j’ai connue là-bas
Près d’un long bâtiment de bois
Aux si noirs, aux dents d’ivoire
Au sourire si fragile
Aux longs membres plus fins qu’un fil
Aux longs membres plus fins qu’un doigt
Au doux baiser qui brûle
Aux lèvres, aux lèvres
Au doux baiser qui brûle
Aux lèvres, qu’on boit
Demain il fera nuit, et les enfants
Et les enfants iront
De porte en porte, de ville en ville
Et les rats s’enfuiront
De porte ne porte, de ville en ville
Et toi que j’ai connue là-bas
Près d’un long bâtiment de bois
Aux si noirs, aux dents d’ivoire
Au sourire si fragile
Aux longs membres plus fins qu’un fil
Aux longs membres plus fins qu’un doigt
Au doux sourire qui brûle
Aux lèvres, aux lèvres
Au doux sourire qui brûle
Aux lèvres, qu’on boit
Comme une idole, comme une icône
Une divinité, des îles, lointaines
Comme une idole, comme une icône
Une divinité, des îles, lointaines
Demain, il fera nuit
Je l’ai lu dans un livre
Et peut-être qu’après
Alors quand même un jour
Il fera jour pour toujours
Et que ce soleil-là
Sera le feu d’un incendie
Au milieu des pendus
Que les enfants iront
En demandant pourquoi
Prolonger un peu plus
Ce besoin de vivre
Alors on leur dira de suivre
La ligne des maisons en feu
Et de se faire une raison
Demain, il fera nuit
Et toi que j’ai connue là-bas
Près d’un long bâtiment de bois
Aux si noirs, aux dents d’ivoire
Au sourire si fragile
Comme une icône, comme une idole
Une divinité, des îles, lointaines
Des îles
Douleur lointaine, en rêve, en rêve
Réveille-toi, dépêche-toi
Le volcan se soulève, en rêve, en rêve
Et crache tout ce qu’il a de feu
De fièvres et de fièvres
Comme l’Etna, comme l’Etna
A recouvert de cendres
A gelé dans la pierre
Le monde d’Alexandre
Et celui-là te recouvrira, de Surabaya
Va recouvrir ton univers
De fleurs et de plantes, de bleus et de verts
De cendres et de cendres
De courbes et d’ellipses bientôt
Par l’apocalypse car
Demain, il fera nuit
Je l’ai lu dans un livre, mais toi
Aux longs membres plus fins qu’un fil
Aux longs membres plus fins qu’un doigt
Au long baiser qui brûle
Aux lèvres, aux lèvres
Au long baiser qui brûle, aux lèvres
Quand on perd un ami,
C’est peut-être qu’il dort
Dans un autre univers
De gel et de bois mort,
Dans un autre décor,
Simplement affaibli,
Quand on perd un ami,
Son âme se décolle
Comme un papier jauni,
Papyrus d’école,
C’est que l’on a grandi,
Quand on perd un ami,
Comme dans un tamis,
Après que le cambiste
Ait déserté la salle,
Ait déserté la salle
Dans le jour indolore
Et dans l’air inodore,
Repose sur le pourpre,
Entouré des siens,
Et pas même un chien
Pour lécher sa paume,
Son bras recourbé
Quand un ami s’en va,
Disparaît de son lit,
Par de nouveaux sherpas,
Pour de nouveaux pays
Quand on perd un ami,
De la lumière subsiste,
Comme dans un tamis,
Après que le cambiste
Ait déserté la salle
Peut-être, ce n’est pas
Ce qu’on nous en a dit
Si, là-bas, il fait froid
Comme il le fait ici,
Quand on perd un ami,
Qui le découvrira ?
Fakir embaumé
Transpercé de pointes,
Et lorsque le jour pointe,
Pas même un drap
Pour cacher ses yeux,
Quand un ami s’en va
Quand on perd un ami,
De la lumière subsiste,
Comme dans un tamis
Elle avait pas dormi
depuis plus de trois jours
Une petite fauvette aux yeux peints
Avec des bagues aux doigts,
une jupe de daim
Avec un blouson de
satin
Elle est partie dans
le fond téléphoner
A on ne sait qui
On l’a vue qui
pleurait
Et puis se recoiffer comme une furie
Se moucher dans sa manche
Quelqu’un devait l’attendre dehors
mais il neigeait
Elle a rabattu
sa capuche, écrasé sa
cigarette, laissé quelques pièces de monnaie
Ramassé comme un petit Donald en peluche
J’en aurais pas parlé si ce n’était
pas un dimanche
Avec ce qu’on peut pleurer pour les hommes
Les petits, les moches, les grands,
les têtes de pioche
Et ceux qui parlent jamais à personne
Quand j’ai vu qu’il la suivait
Qu’il la mangeait des yeux
La petite fauvette en parka bleue
La petite fauvette
Elle avait pas du dormir depuis
pas mal de temps
Comme une alouette blessée
Parce qu’il faut dire
qu’il y a pas souvent de printemps
Dans les rues de sa cité
Il y avait un sapin de Noël planté
Un peu plus loin sur le parking
Et les loupiotes qui semblaient
lui dire : va t’amuser
Avant que la vie te tombe dessus
Je les aie vus qui marchaient
Dans cette neige fondue vers un camion
Et lui qui la tenait comme ça dans la nuit
Comme si elle avait bu
Qu’elle avait les jambes en coton
Qu’il fallait qu’elle dorme dans un vrai lit
Si je parle de ça, c’est que je me suis
souvent demandé depuis
Ce que j’aurais pu faire de plus
Sinon l’asseoir de force et lui faire
cracher son mal de vivre
Et personne aurait jamais su
Laissez nous comprendre
pourquoi tout est ainsi
écroulé, malfaisant
On en ramasse comme ça
Tous les automnes, tous les hivers
Les ongles encore accrochés
Sur quelques lambeaux de mystère
Pourquoi s’était-elle enfuie
de toute la chaleur
Que peuvent donner une mère, une soeur
Un père absent, violent,
Qui peut-être même avait tout brisé
Quand même laissé du bonheur
Après la la dinde, à plus d’heure
Quand j’ai voulu m’en retourner
Tout ça m’était sorti de la tête
Comme toutes ces choses
Qu’on n’a jamais fini de ressasser
Alors le jour s’est levé
Comme un chacal en manque d’amour
Qui lève une charogne
Et vient prendre la place de la nuit
Tous les arbres étaient blancs, debouts sur
leurs pattes comme autant de cigognes
Au dessus de toutes ces flaques de cambouis
A chacun son démon tapi
qui peut sortir de l’ombre
Voilà la seule chose que je me suis dit
Vers un ailleurs indéfini
aux portes du hasard
J’ai vu la vallée dans le brouillard
J’ai vu la vallée
Vers un ailleurs indéfini
Aux portes du hasard
J’ai vu la vallée
Le pavillon de Buzenval
Dans la cité-dortoir
Il faudra bien que ces
choses finissent
Qu’un dieu mauvais les punisse
Ils marchent sous la pluie
Vers où, vers quoi, vers qui ?
Ce sont eux aujourd’hui
Comme avant ce fut nous
Le pavillon de Buzenval
Dans la cité-dortoir
Je la retrouvais quelque part
Nous allions sur un lit
Elle recrachait sa fumée dans le noir
Puis il était minuit
Elle retournait vers une dernière histoire
Vers où, vers quoi, vers qui ?
Ou bien arpentait seule
la ville jusqu’au jour
L’époque était ainsi, libre, belle,
sans détour, et les passants aussi
Aidant une aïeule à descendre esseulée
Dans la cire molle et tendre
Et j’attendrais longtemps
Ou bien vers un café
Lorsqu’elle venait, frileuse
Serrée dans son ciré
Le visage blanc, les joues creuses
A une table dans le fond
Nous allions nous glisser
Jusque sous les plafonds
En haut d’un escalier
Se caresser, se mordre
Et tout n’était un jeu
Le pavillon de Buzenval
Et son muret de briques
Aujourd’hui s’est écroulé
Peut-être par le vent détruit
Ses buissons d’azalée
Et puis dans la lumière voilée
Derrière un barbelé
Une fille qui passe
A peur, s’est souvenue
Que bien longtemps dans ces allées
Un homme était venu
Et qu’il était aimé
Un homme était venu
Le pavillon de Buzenval
Et son muret de briques
Aujourd’hui s’est écroulé
Son buisson d’azalée
Qu’un homme était venu
Et qu’il était aimé
Le pays de la liberté
On m’a dit que c’est tout à côté
Le pays de quoi
De la liberté, le pays
J’ai vu des hommes décharnés
J’ai vu des femmes
Des enfants aux cheveux orangés
J’ai vu des larmes
J’ai marché, j’ai marché, j’ai marché
Mais je n’ai pas trouvé
On passe tout à côté de la vie
A grands coups de pinceau
On passe tout à côté de la vie
On passe tout à côté
J’ai marché, j’ai marché, j’ai marché,
j’ai marché
On voit des mains, des bras tendus
On croit que c’est des mats
Où claquent toutes les guenilles
J’ai croisé des hommes décharnés
Des enfants couverts de bleus
Qui perdaient leurs dents
Perdaient leurs cheveux
Qui perdaient leurs dents
Perdaient leurs cheveux
Mais j’ai bien vu dans leurs yeux
Mais c’est où mais c’est où mais c’est où
mais c’est où
Mais c’est où mais c’est où, mais c’est où
mais c’est où mais c’est où mais c’est où
Mais c’est où mais c’est où mais c’est
où ce pays
Mais c’est où, mais c’est où, mais c’est où
On m’a dit que c’est tout à côté
Le pays de quoi, de la liberté
J’ai cherché, j’ai cherché, j’ai cherché
J’ai cherché, j’ai cherché, j’ai cherché,
j’ai cherché, j’ai cherché
J’ai cherché, j’ai cherché
Il parait qu’il me pendait au nez
Mensonge, mensonge, mensonge, mensonge
Il parait qu’il me pendait au nez
Mensonge
On voit des hommes décharnés
Tendre la main à qui
Avec une plaie sur le côté
Où l’on boit, où l’on boit, où l’on boit
J’ai cherché, j’ai cherché, j’ai cherché,
j’ai cherché
On voit des hommes décharnés
Tendre la main à qui
Certains disent même que c’est tout près
Qu’on marche parfois dessus
Mais c’est où, mais c’est où, mais c’est où
Mais c’est où, mais c’est où
Mais c’est où, mais c’est où, mais c’est où
Mais c’est où, mais c’est où
On m’a dit que c’est tout à côté
Le pays de quoi, de la liberté
J’ai cherché, j’ai cherché, j’ai cherché
Mensonge, mensonge, mensonge, mensonge
Mensonge, mensonge, mensonge
C’est un grand terrain de nulle part
Avec de belles poignées d’argent
La lunette d’un microscope
Et tous ces petits êtres qui courent
Car chacun vaque à son destin
Petits ou grands
Comme durant les siècles égyptiens
Péniblement
A porter mille fois son poids sur lui
Sous la chaleur et dans le vent
Dans le soleil ou dans la nuit
Voyez-vous ces êtres vivants
Quelqu’un a inventé ce jeu
Terrible, cruel, captivant
Les maisons, les lacs, les continents
Comme un Lego avec du vent
La faiblesse des tout-puissants
Comme un Lego avec du sang
La force décuplée des perdants
Comme un Lego avec des dents
Comme un Lego avec des mains
Comme un Lego
Voyez-vous tous ces humains
Danser ensemble à se donner la main
S‘embrasser dans le noir à cheveux blonds
À ne pas voir demain comme ils seront
Les capitales sont toutes les mêmes devenues
Aux facettes d’un même miroir
Vêtues d’acier, vêtues de noir
Comme un Lego mais sans mémoire
Comme un Lego
Facettes d’un même miroir
Vêtues d’acier, vêtues de noir
Comme un Lego mais sans mémoire
Comme un Lego
Pourquoi ne me réponds-tu jamais
De ta retraite sous ton arbre
Depuis ce manguier de plus de dix mille pages
A te balancer seul dans une cage
A voir le monde de si haut
Comme un insecte mais sur le dos
Comme un insecte
C’est un grand terrain de nulle part
La lunette d’un microscope
On regarde, on regarde, on regarde dedans
On voit de toutes petites choses qui luisent
Ce sont des gens dans des chemises
Comme durant les siècles de la longue nuit
Dans le silence et dans le bruit
Dans le silence et dans le bruit
Dans le silence
Mais où sont passées
Où sont passé les lumières
Qui nous guidaient ?
Peut-être étions nous trop
Peut-être étions-nous trop fiers
Pour baisser la tête.
Le monde a tourné
Le monde a tourné sans nous,
Sans nous attendre.
Les ténèbres sont
Les ténèbres sont partout
Couvertes de cendres.
Mais souviens-toi que
Souviens-toi que l’on s’aimait
Que l’on s’aimait quand même.
Nous étions si jeunes et si
Nous étions si jeunes et si fiers
Et comment le dire,
Nous avons perdu la
Nous avons perdu la lumière, l’étoile
Qui caressait nos
Qui caressait nos paupières
Tout m’est égal
Et quand même, on se souvient,
On se rappelle, de quelque chose
Qu’on pose près du lit,d’une lumière
D’une lumière, qui brillait la nuit
Mais où sont passées
Où sont passé les lumières
Qui nous guidaient
Devenus statues, devenus statues de pierre,
Qu’avons nous fait, les instants comme des
Instants comme des clous de fer
Qu’on enfonce, et rien que le,
Rien que le bruit de la mer
Pour seule réponse
Souviens-toi, c’était
Souviens-toi c’était hier,
Mais aujourd’hui,
Le lion secoue sa
Le lion secoue sa crinière
Peur de la nuit,
Gratte le fond de la
Gratte le fond de la rivière
Où il venait boire
Nous avons perdu
Nous avons perdu la lumière
Nous sommes dans le noir
Et quand même
On se souvient,
On se rappelle
De quelque chose
Qu’on pose près du lit,
D’une lumière, d’une lumière
Qui brillait la nuit
Mais où sont passées
Où sont passé les lumières
Qui nous guidaient ?
Le lion secoue sa,
le lion secoue sa crinière
A chaque coup de fouet
Derrière les barreaux,
derrière les barreaux de fer,
Sans illusion
Derrière les barreaux
Derrière les barreaux de fer,
De sa prison
Pourquoi veux-tu que moi
Aille changer le monde
Je me réveille en somme
De ce long songe
Contre un carreau brisé
Tout au fond du passage
Ces deux-là s’aimaient
Il la tenait serrée
Lui mâchait le visage
Il la consolait
De n’être pas une autre
Contre un carreau
brisé
Tout au fond
du passage
Ces deux-là
s’aimaient
Comme on peut
se blesser
La main sous
le lainage
Il la caressait
Rimbaud plus
ne sera
Peut-être plus
personne
Flambeau ne
reprendra
Comme bête de
somme
Pourquoi veux-tu que moi
Aille changer le monde
Je me réveille en somme
De ce long songe
Et le matin suivant
Il faisait jour à peine
Ils se sont enfuis
Par le bord de la Seine
Il faisait nuit
Mais le jour s’est levé
Tout au bout du couloir
Il la tenait serrée
Sur le parquet de chêne
L’un à l’autre collés
Ils se sont aimés
Printemps ne reviendra
Peut-être plus jamais
Peut-être plus personne, ne le verra
Pourquoi veux-tu que moi
Aille changer le monde
Lui disait-il encore
Et tant d’autres choses
Rimbaud plus ne sera
Peut-être plus jamais
Peut-être plus personne
Ne le verra jamais
Rimbaud plus ne sera
Peut-être plus personne
Flambeau ne reprendra
Comme bête de somme
Printemps ne reviendra
Peut-être plus jamais
Ni Roméo non plus
Et Juliette jamais, et Juliette non plus
Pour tous eux qu’ont plus
de raison de vivre,
qui s’assoient sur le trottoir
Il reste le train du soir
Qui roule, qui roule dans le noir
Qui roule dans ma mémoire
Y a le train qui roule dans la nuit
Comme un chien qui pleure dans un taudis
Et moi je pense à toi, et je pense, et je
pense
Et y a le train qui roule dans le noir
Comme un boulet de feu dans ma mémoire
Et moi je pense, et je pens
Et y a le train qui roule dans le noir
Comme un boulet de feu dans ma mémoire…
Qui roule
Qui roule dans le noir
Qui roule
Qui roule dans ma mémoire
Y a le train qui roule dans le noir
Comme un magicien dans son habit noir qui crache le feu
Qui crache le feu
Comme tous ceux qu’ont tout perdu
plus d’espoir,
j’ai pris mon billet ce soir
Pour le train du soir
Qui roule
Qui roule dans le noir
Qui roule
Qui roule dans ma mémoire
Y a le train qui roule dans le noir
Comme un chien perdu dans un couloir
Et moi je pense à toi, et je pense,
Et y a le train qui roule dans le noir
Et personne m’attendra ce soir
Qui roule, qui roule dans le noir
Qui roule, qui roule dans ma mémoire
Roule
Roule
Roule
Revivre
On voudrait revivre
Mais ça veut dire ;
On voudrait vivre encore la même chose
Refaire peut-être encore le grand parcours
Toucher du doigt le point de non-retour
Et se sentir si loin, si loin de son enfance
En même temps qu’on à froid, qu’’on pleure, quand même on pense
Que si le ciel nous laisse
on voudra
Revivre
Ça signifie,
On voudra vivre encore, la même chose
Le temps n’est pas venu qu’on se repose
Il faut refaire encore ce que l’on aime
Replonger dans le froid liquide
Des jours toujours les mêmes
Et se sentir si loin, si loin de son enfance
En même temps qu’on a froid,qu’on pleure,
Quand même on pense
Qu’on a pas eu le temps de terminer le livre
Qu’on avait commençé hier en grandissant
Le livre de la vie, limpide et grimaçant
Où l’on était saumon
qui monte et qui descend
Où l’on était saumon,
le fleuve éclaboussant
Où l’on est devenu
anonyme passant
Chevelu, décoiffé, difforme
Chevelu, décoiffé,
difforme se disant
On voudrait revivre
On croit qu’il est midi, mais le jour s’achève
Rien ne veut plus rien dire, fini le rêve
On se voit se lever
sentir monter la sève
Mais ça ne se peut pas
Non ça ne se peut pas
Non ça ne se peut
On voudrait revivre
Mais ça veut dire ;
On voudrait vivre encore la même chose
Refaire peut-être encore le grand parcours
Toucher du doigt le point de non-retour
Et se sentir si loin, si loin de son enfance
En même temps qu’on à froid, qu’’on pleure, quand même on pense
Que si le ciel nous laisse
on voudra
Revivre
Ça signifie,
On voudra vivre encore, la même chose
Le temps n’est pas venu qu’on se repose
Il faut refaire encore ce que l’on aime
Replonger dans le froid liquide
Des jours toujours les mêmes
Et se sentir si loin, si loin de son enfance
En même temps qu’on a froid,qu’on pleure,
Quand même on pense
Qu’on a pas eu le temps de terminer le livre
Qu’on avait commençé hier en grandissant
Le livre de la vie, limpide et grimaçant
Où l’on était saumon
qui monte et qui descend
Où l’on était saumon,
le fleuve éclaboussant
Où l’on est devenu
anonyme passant
Chevelu, décoiffé, difforme
Chevelu, décoiffé,
difforme se disant
On voudrait revivre
On croit qu’il est midi, mais le jour s’achève
Rien ne veut plus rien dire, fini le rêve
On se voit se lever
sentir monter la sève
Mais ça ne se peut pas
Non ça ne se peut pas
Non ça ne se peut
Dans un jardin que je sais
Une fille venait
De longs cheveux sur elle
Et moi je me disais mon dieu, que je revive
Une fois elle a choisi
Dans le creux de sa main
Quelque chose comme un fruit
Quelque chose comme un fruit
Et moi je me suis dit, mon dieu
que je revive
Que je sois cette mûre
Cette simple cerise
Accrochée contre un mur
Et qu’elle me voit
Par sa paume attrapé
Je resterai sans voix
Par sa lèvre touché
Nous nous sommes retrouvés
Dans le mitan du lit
C’est ce que j’avais rêvé
Dans les contes et légendes
Alors je me suis dit mon dieu,
qu’elle m’entende
Que je sois cette ramure
Cette simple cerise
Accrochée contre un mur, et qu’elle me voit
Par sa paume attrapé
Je resterai sans voix
Par sa lèvre mordue
Mais ce jardin, c’est ma rue
Près de chez moi
Peut-être m’avez-vous vu
Me tourner vers quelque chose
Mon dieu me dire si je pouvais la suivre
Être ce buisson de roses
Vers lequel elle se tourne
Où son regard se pose
Et dont elle se détourne
Pour autre chose
Être ce buisson de roses
J’ai remonté la Seine
Jusqu’au Pont des Arts
C’est là que je venais
Par la rue des Beaux-Arts
Pour un chocolat chaud
Une miche de pain
Installé tout au fond
Avec le genre humain
Et par la rue du Havre
Où je suis repassé
Quand je me suis fâché
Avec le genre humain
Pour une escale bleue
Aux flammèches bizarres
Pleine de miséreux
Vers la rue Saint-Lazare
Et je me suis assis
J’ai vu venir quelqu’un
Il était seul aussi
Ce n’était qu’un gamin
Il a voulu me suivre
Il m’a donné la main
Mais il ne savait pas
Que depuis ce matin
Je m’étais fâché
Comment te nommes-tu
A grelotter quand même
Dans un pardessus
De mauvaise laine
A regarder le Louvre
Au milieu des phalènes
Comment te nommes-tu
Qui t’a fait de la peine
Et je me suis maudit
De si bien me connaître
Les étoiles, mes amies
Dites-moi le pourquoi
Au-dessus des abris
Comme il peut faire si froid
Comme il peut faire si nuit
Alors nous avons bu
Tout un litre de vin
En as-tu une aussi
De petite catin
Il en avait une
Une amoureuse brune
Comme une tache claire
Dans la poudre de Lune
Qui descendait le voir
Pour le chevaucher
Et nous avons marché
Jusqu’au petit matin
La porte de Vincennes
Et puis vers Les Lilas
J’en ai connu souvent
De cette fleur-là
Qui dansait sous le vent
Alors je me demande
Ce qu’il est devenu
Des femmes sont venues
Pour l’emmener le prendre
Et le faire s’épouiller
Sous la douche brûlante
Mais il les a mordues
Son prénom c’est le mien
Quand je me suis fâché
Avec le genre humain
Son prénom c’est le mien
Animal, on est mal
On a le dos couvert d’écailles
On sent la paille
Dans la faille
Et quand on ouvre la porte,
Une armée de cloportes
vous repousse en criant :
Ici, pas de, serpent
Animal, on est mal
Animal, on est mal
On a deux cornes placées
sur le devant du nez.
On se baisse, on s’affaisse.
On la queue qui frise,
on a la peau épaisse,
on a la peau grise
Et quand on veut sortir avec une demoiselle,
On l’invite à dîner
quand elle vous voit que dit-elle
Il ne vous manque qu’une bosse
vade retro, rhinocéros
Animal, on est mal
Animal, on est mal
On assiste à l’opération de la girafe
La voilà qui se retrouve le cou plein
d’agrafes
Elle appelle au secours
On veut lui mettre un pantalon
mais il est trop court.
Animal, on est mal
On pond ses oeufs dans le sable, et quand on passe à table les chevaux vapeur,
Ont pris peur de se retrouver
loin de leur étable
Et maintenant que les matins
de l’âgeont passé
Avec quelle sorte d’éponge,
d’éponge effacer
Le tableau noir ou tout est,
ou tout est cassé
Je me suisvu dans la glace,
je me suis vu dans la glace
C’est quoi ce chimpanzé
qui dort et qui danse
Entre les draps de qui on avance on recule
Avec la gémellité de la libellule
Animal, on est mal
Avec un bras de pieuvre
et un cerveau de souris
J’ai passé tout mon temps
entouré d’animaux, entouré d’otaries
A jouer au mikado,à jouer l’Atari
Mais pas question pour moi
me faire hara-kiri
Animal, on est mal
Animal, on est mal
Et si l’on ne se conduit pas bien,
On revivra peut-être
dans la peau d’un humain
Animal, on est mal
Mais Dieu reconnaîtra les siens
Animal, on est mal
Mais Dieu reconnaîtra les siens